الاثنين، 9 مارس 2020

Les facettes du bonheur


                   Face aux contraintes de son époque, l’être primitif d’antan avait un souci : comment vivre ? Il était conscient que sa survie était liée à la domination des autres créatures. La loi de la jungle lui procure la recherche des moyens pour contrôler la nature. Son bonheur se résume dans l’exercice d’un certain diktat sur les autres puissances. En effet, l’homme primitif se trouve devant un dilemme le seul accordé : vaincre ou périr. Nous pouvons dire que son eudémonisme est tributaire d’une certaine sécurité.  Vivant ainsi pour un seul but, le primitif ne s’enquiert guère sur d’autres possibilités de l’existence. Raison pour laquelle le bonheur était quasi facile à atteindre. Il suffit d’être sécurisé pour être heureux. La conscience autoréflexive du primitif n’est pas encore développée. Il est à noter que le grand défi à cette ère était de manier à leur faveur l’élément du feu. A la fois gagné, ce défi devenait une source d’une expérience optimale, d’une harmonie intérieure. De ce qui précède, il est à noter que le primitif a réussi à réaliser son bonheur. Vaincre la nature était pour lui un projet de vie.
Avec l’avènement de la philosophie grecque le bonheur est pensé à travers des microscopes distincts. Selon Socrate, la quintessence du bonheur réside dans l’âme sereine  en dehors des richesses matérielles et sensorielles. Cette approche socratique est plus ou moins sophiste. Elle accorde créance à ce qui relève de l’idéel. En outre, on trouve qu’Épictète invite ses disciples à faire une distinction entre les choses qui dépendent de l’individu et celles qui n’en dépendent pas. Se doter de cette sagesse permet de composer avec les vicissitudes de la vie. D’autres philosophes comme Sénèque appellent à maîtriser la colère, à s’immuniser contre l’effervescence des sentiments. Le bonheur philosophique met en valeur la vie soit en la jugeant passagère soit en faisant d’elle un moment irréversible.
Mais quid donc de l’homme d’aujourd’hui ? Son bonheur est-il réalisable ? Son bonheur n’est-il pas une illusion d’optique ?  Balloté entre les forces naturelles, les forces idéelles et les forces scientifiques, l’homme du 21ème siècle se sent perdu. La technologie lui promet un avenir brumeux. La philosophie le contraint à s’isoler dans sa fourrure dorée. La religion le châtie pour un au-delà perpétuel. L’homme moderne est alors tout sauf heureux. Nonobstant, quelques pistes rares semblent offrir une ataraxie existentielle. Csikszentmihalyi MIHALY, l’une des figures de proue de la psychologie positive, traite la question du bonheur tout en essayant de joindre l’utile à l’agréable.
L’approche de Mihaly fait florès depuis qu’elle a intérêt à la conscience de soi. Face aux grandes gageures de la vie, il est sine qua non de tracer un chemin de réussite. Il fallait se concentrer sur un projet de vie où l’harmonie intrinsèque dame le pion. Ceci-dit, Mihaly propose ce qu’il appelle           « une expérience optimale ».  Elle  suppose un regard philosophique envers l’existence. En fait, c’est une invitation à faire de tribulations de la vie des défis. Jules Evans avance dans le même sens que « Les situations difficiles peuvent être considérées comme des chances déguisées d’expérimenter notre liberté intérieure. » (Jules Evans, la philo c’est la vie, ©Jules Evans, 2012).
L’idée sui-generis de Mihaly est de motiver un certain enchantement intérieur de l’âme indépendamment des anicroches  dissuasives. Pour ce faire, l’individu doit s’engager dans un projet de sa vie qui prouve son autonomie. Cette autonomie est tributaire d’un travail intellectuel, d’une utilisation sage des loisirs, et d’une aptitude à convertir les éléments destructeurs en éléments positifs.
Le projet de vie dont parle Mihaly est calqué sur le projet existentiel de Sartre. Tous les deux convergent sur l’idée que l’homme se prend en main, c’est-à-dire à se voir comme responsable de ces choix. Une fois pris, ses choix doivent faire preuve d’un certain engagement. Ainsi, s’engager dans un projet stipule qu’un nombre de buts entre en lice. C’est là où la philosophie intervient pour diriger les désirs. En effet, l’homme heureux parvient à surestimer les joies de l’esprit au détriment des joies sensorielles. Mihaly déclare que : «  Les grands penseurs ont toujours été motivés beaucoup plus par les joies de l’esprit que par les 
récompenses matérielles ».